Une approche révolutionnaire
Le Logement d’abord, Housing First en anglais, a radicalement changé l’approche du sans-abrisme.
Élaboré au début des années 90 à New York par le Dr. Sam Tsemberis au sein de l’association Pathways to Housing, le modèle Housing First a été appliqué avec succès aux États-Unis, au Canada et dans plusieurs pays européens.
Pour mettre fin au sans-abrisme chez les personnes ayant des besoins élevés d’accompagnement, le Housing First renverse l’approche alors prédominante du parcours « en escalier ».
Il propose aux personnes sans domicile, souffrant de troubles psychiques ou d’addictions, un accès direct et accompagné à un logement pérenne, au lieu d’un accès au logement à la fin de leur parcours d’insertion.
Le parcours en escalier
C’est un modèle de progression linéaire par paliers, censé mener de l’hébergement d’urgence à un hébergement aidant à la réinsertion, puis au logement adapté, et enfin au logement ordinaire.
Le parcours en escalier s’inspire des pratiques en vigueur dans le secteur de la santé mentale : on y considérait que les personnes souffrant de troubles psychiques ne pouvaient pas vivre au quotidien sans être supervisées et accompagnées en permanence.
Cette approche a fondé le modèle d’aide aux personnes sans domicile en dépit d’une sérieuse remise en cause dans les années 90 : les experts américains constatent que les services par paliers ne prouvent pas leur efficacité.
- Les personnes sans domicile restent « coincées », ne parviennent pas à franchir les étapes requises pour être relogées
- Certaines personnes sans domicile ne veulent pas ou ne peuvent pas suivre les règles strictes de ces services
- Cette approche a tendance à faire reposer le sans-abrisme sur la seule responsabilité individuelle de la personne concernée
- L’environnement créé dans le cadre de ces services peut être inadapté voire hostile pour les personnes sans domicile
- Le coût des services est élevé pour une efficacité souvent limitée.
Accès direct et accompagnement sur mesure
Le Housing First donne immédiatement (ou très rapidement) un logement en milieu ordinaire aux anciens patients de services psychiatriques. Des équipes mobiles d’accompagnement leur proposent aide et traitement adaptés.
L’arrêt des consommations et/ou le suivi de traitements ne sont plus des prérequis.
L’équipe mobile aide la personne à se maintenir dans le logement, à améliorer son état de santé, son bien-être et son intégration sociale. Dans cet environnement, la personne peut choisir et piloter l’accompagnement proposé, mis à disposition aussi longtemps que de besoin.
Les principes fondamentaux du Housing First
- Le logement est un des droits de l’Homme
- Choix et contrôle par les usagers
- Séparation entre logement et traitement
- Accompagnement orienté vers le « rétablissement »
- Principe de la réduction des risques
- Un engagement actif sans coercition
- La personne est au centre de l’accompagnement
- Un accompagnement souple et aussi longtemps que nécessaire.
Le Housing First va se révéler particulièrement adapté pour les personnes sans domicile qui :
- souffrent de troubles psychiques ou de pathologies mentales sévères
- ont un problème de drogue ou d’alcool, une mauvaise santé physique
- sont en situation de handicap.
La stratégie du Housing First s’avère également efficace auprès de personnes qui :
- sont sans-abri depuis une longue période ou de façon répétée
- sont en rupture de lien social
- présentent des besoins élevés d’accompagnement.
L’évaluation systématique par comparaison avec d’autres services d’aide aux personnes sans domicile montre aussi que le Housing First apporte de meilleurs résultats pour un moindre coût, en évitant le recours aux services psychiatriques, d’urgence et au système judiciaire.
Ce modèle de logement accompagné, qui utilise le logement comme point de départ plutôt que comme objectif final, a constitué la base de la politique publique du Logement d’abord en France.